Association nationale de sauvegarde
du patrimoine rural bati et paysager

Reconnue d’utilité publique
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Histoire & fondements

La notion même de patrimoine n'a cessé de s'élargir depuis son émergence

Du "monument", historique ou naturel, aux "ensembles patrimoniaux"...

Née en France essentiellement des profonds remous révolutionnaires à la fin du 18e siècle, la notion de "patrimoine" s'est d'abord et naturellement incarnée dans les monuments historiques (MH), choisis par la Nation comme témoins insignes de l'art de construire au fil des temps, d'aménager et d'orner le cadre de vie, d'affirmer les repères sociétaux, puis d'illustrer les étapes de l'évolution des techniques (ouvrages d'art, échantillons de l'artisanat et de l'industrie...) et estampillés au titre des lois de 1887 puis de 1913.
Ce besoin de jalonner le territoire national de tels repères s'est parallèlement incarné dans les monuments naturels reconnus comme tels par anthropomorphisme et consacrés en tant que "sites" par les lois de 1906 puis de 1930.

Mais bien vite, il s'est avéré indispensable de protéger l'environnement de ces monuments, naturels ou construits. Et ce furent les zones de protection du titre II de la loi de 1930, le classement ou l'inscription des sites de plus en plus nombreux et de plus en plus vastes, puis la loi de 1943 (validée après la guerre) créant les abords de 500 mètres autour des MH classés ou inscrits.

Cette attention à protéger les "écrins" des monuments a progressivement fait naître le besoin de prendre en compte pour eux-mêmes les ensembles patrimoniaux, bâtis, aménagés ou naturels. Que ceux-ci comportent des bâtiments exceptionnels, ou qu'ils soient constitués d'éléments plus modestes, plus "ordinaires", mais représentatifs de la manière de construire et surtout de "vivre ensemble" aux phases successives de l'histoire.

Ce qui furent successivement :

  • en 1960 la loi instituant les Parcs nationaux (au nombre de 11 à ce jour en France),
  • en 1962 la "loi Malraux" sur les secteurs sauvegardés des villes historiques,
  • puis les lois de décentralisation de 1983 instituant les zones de protection du patrimoine architectural et urbain (les ZPPAUP dotées de leur dernière initiale par la "loi Paysage" de 1993), transformées en 2012 en Aires de valorisation de l'architecture et du paysage (AVAP) dans le souci de les ouvrir aux énergies nouvelles.

De leur côté, les milieux naturels et les paysages bénéficiaient d'un arsenal lui aussi croissant permettant de protéger les "réserves naturelles", les zones naturelles d'intérêt écologiques, floristiques et faunistiques (les ZNIEFF), pour nous en tenir aux mesures nationales confortées par diverses dispositions européennes.

...ce mouvement a été porté par l'approfondissement des connaissances architecturales et ethnologiques de ce bâti rural faisant émerger une prise de conscience collective...

En France, les chantiers conduits pendant la guerre par de jeunes architectes (soustraits à ce titre au Service du Travail Obligatoire durant l'occupation de la France) ont considérablement fait progresser d'une manière très concrète ces connaissances.
Dans les décennies qui ont suivi la Libération, la publication des résultats de ces enquêtes, le développement de l'ethnologie rurale, la création d'associations dont Maisons paysannes de France en 1965, ont eu pour résultats de faire mieux prendre conscience de la spécificité de ce bâti rural et de sa dimension patrimoniale.

Parallèlement, des initiatives diverses et des déclarations de principe renforçaient cette prise de conscience collective de l'intérêt global du patrimoine bâti et paysager :

  • le lancement de l'Inventaire général par André Malraux en 1964 basé sur l'exploration sans a priori de tous les éléments patrimoniaux d'un territoire
  • la création en 1970 des Parcs naturels régionaux (PNR), procédure non de protection mais d'un aménagement respectueux du patrimoine bâti et du paysage,
  • en 1972, l'adoption par l'UNESCO de la Convention du patrimoine mondial culturel ratifiée par la France, notre pays comptant aujourd'hui 38 sites inscrits sur cette liste dont des monuments insignes mais aussi de vastes ensembles reconnus comme "territoires culturels" comme le Val de Loire sur 280 km (plus de 800 km2 inscrits en 2000), les Causses et les Cévennes (2011), etc.
  • dans un domaine complémentaire, la loi de 1977 proclamait que l'architecture, dans sa dimension historique mais aussi contemporaine, est une "manifestation de la culture" et que sa qualité est "d'intérêt public" : elle instituait pour la promouvoir les Conseils d'architecture et d'environnement (CAUE).

... conduisant à la reconnaissance de la dimension "territoriale" du patrimoine

Aboutissement de cette évolution, la loi de décentralisation du 7 janvier 1983, celle-là même qui a mis en place les ZPPAU, a inséré en ouverture du code de l'urbanisme cette déclaration majeure : "Le territoire français est le patrimoine commun de la nation".

La Convention européenne du Paysage, ouverte à signature en octobre 2000 à Florence dans le cadre du Conseil de l'Europe auquel participent 47 Etats est venue parachever cette prise de conscience.
Elle ne s'impose certes à chacun de ceux-ci que lorsque les instances nationales l'ont ratifiée, mais cela a été fait en France par décret publié au journal officiel le 22 décembre 2006. Il est intéressant de noter qu'elle aborde la notion de paysage en privilégiant son utilité sociale :
"Le paysage est partout un élément important de la qualité de vie des populations : dans les milieux urbains et dans les campagnes, dans les territoires dégradés comme dans ceux de grande qualité, dans les espaces remarquables comme dans ceux du quotidien...il constitue un élément essentiel du bien-être individuel et social..."

Cette identification de la notion de patrimoine naturel, bâti et paysager à l'échelle du « territoire » est essentielle pour Maisons paysannes de France. D'où ses efforts pour adapter son action à cette échelle et de privilégier aujourd'hui, dans ses objectifs, la collaboration avec les collectivités territoriales, gestionnaires au quotidien de ces territoires.