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Rénovation énergétiques des logements, MPF répond à UFC-Que Choisir

Publié le 11/06/2014

logo MPFRéponse de Maisons paysannes de France à UFC-Que Choisir concernant l'étude sur la rénovation énergétique des logements - Mai 2014

Notre association apprécie votre soin à apporter au grand public une information indépendante et pertinente grâce aux nombreuses enquêtes que vous menez et qui font autorité.

Cependant concernant l'étude sur la "rénovation énergétique des logements" parue en mai 2014, malgré tout l'intérêt que nous y portons, nous sommes dans l'obligation de vous communiquer des corrections importantes, voire des contradictions.

Cette position tient pour l'essentiel en ce que l'étude fait l'amalgame dans le "bâti avant 1975", entre celui de l'après deuxième guerre mondiale et celui d' "avant 1949" (date conventionnelle et simplificatrice retenue par l'administration).

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L'étude ne traite pas du bâti d' "avant 1949"

Ces deux types de bâti sont en effet réalisés avec des matériaux et des modes de construction totalement différents. Ils ont des comportements thermiques opposés.

L'étude BATAN, concernant le comportement thermique du bâtiment ancien avant 1948 en apporte, malgré sa portée statistique limitée, les données scientifiques décisives (voir le rapport de synthèse).

Cette étude a été menée, de 2008 à 2011, par l'administration du Ministère de l'environnement, la Direction de l'Urbanisme, de l'Habitat et de la Construction (DGUHC), avec le concours des organismes suivants : CETE de l'Est, CETE de l'Ouest, l'INSA de Strasbourg, la DGCB-LASH de Lyon et notre association, Maisons Paysannes de France. En voici les principaux enseignements :

Le bâti ancien d' "avant 1949" a été réalisé sans ciment ni béton, généralement avant la première guerre mondiale et a progressivement été remplacé par un mode faisant appel de plus en plus au ciment dans les années d'entre deux guerres. Ce bâti représente près du tiers du parc de logements (32 % selon votre étude). Il consomme en moyenne moins de 170 kwh/m2/an

Le bâti "de 1949 à 1975", dit "des 30 glorieuses", a généralement été réalisé dans le cadre de la crise du logement et de la forte migration rurale vers les villes avec des procédés modernes et industriels, sans prise en compte de la dépense d'énergie pour le chauffer, l'énergie à cette époque, avant la première crise pétrolière des 19673, étant abondante et bon marché. Ce bâti représente près du tiers de logements (28 % d'après votre étude). Il consomme en moyenne près de 430 kwh/m2/an soit plus du double du bâti ancien.

Les consommations en terme d'énergie de ces deux types de bâti sont donc totalement différentes et l'effort national sur l'amélioration thermique des logements doit porter en priorité sur les plus énergivores. Les interventions sur le bâti des 30 glorieuses sont d'autant plus faciles que l'isolation thermique par l'extérieur (ITE), recommandée par tous les thermiciens, ne pose en général pas de problème technique ou architectural.

Ce n'est pas le cas du bâti ancien d' "avant 1949" dont l'écriture architecturale ne saurait être en général masquée, au risque de perdre toute sa qualité patrimoniale et historique.

Plus encore, le comportement très spécifique de ce bâti, notamment par la gestion de la vapeur d'eau à travers les parois, ne peut être techniquement traité de la même manière, au risque d'induire des dégâts dus à l'emprisonnement de l'eau dans les parois. A tel point que la réglementation actuelle, la réglementation thermique sur l'existant, "RT ex", reste, en l'absence de connaissances plus approfondies, très prudente. Par exemple elle n'impose aucun traitement pour les murs et les sols 5 (article 2 de l'arrêté du 3 mai 2007).

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Organisation professionnelle et formation

L'étude de terrain menée par l'UFC-Que Choisir porte sur 5 maisons construites après 1949. Ses enseignements sont précieux sur l'insuffisance des milieux professionnels à aborder la rénovation thermique. Notre expérience au sein de notre association Maisons Paysannes de France, nous démontre que la déconvenue est bien plus grave dans le cas du bâti ancien d' "avant 1949" parce qu'il reste très mal connu, les techniques d'antan, radicalement différentes des techniques modernes, n'étant généralement plus enseignées depuis l'après guerre.

A noter également, pour souligner la méconnaissance du bâti ancien, que malgré l'existence d'un module de formation Feebat-Bâti ancien, le dispositif RGE, dans les critères retenus jusqu'à présent, n'a pas prévu, à notre connaissance, de différencier le bâti d' "avant 49".

Les propositions de l'UFC-Que Choisir sur la mise en place d'« architectes-énergéticiens » posent le problème, non seulement de l'articulation entre deux professions qui devraient agir en concertation (l'architecte-énergéticien restant une compétence statistiquement improbable) mais bien plus encore de la formation professionnelle concernant un bâti qui représente le tiers des logements français.

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En conclusion

Notre association Maisons Paysannes de France, souhaite en conséquence que l'étude menée par l'UFC-Que Choisir puisse faire l'objet d'un complément, une mise au point, qui précise que bâti ancien d' "avant 1949" en est exclu en ce qui concerne son comportement thermique.

Nous serions heureux de vous apporter notre collaboration et notre expertise pour un tel ajustement compte tenu de l'audience déjà très grande de cette étude.

En savoir plus sur les travaux de Maisons Paysannes de France en matière d'économies d'énergie dans le bâti ancien